Voici un des trois
polars de la sélection de mars 2018 qui concourent pour le Prix du Meilleur
Polar des éditions Points (que je remercie de m’avoir sélectionnée).
> Quatrième de
couverture <
Renato
Donatelli est un simple flic. Un costaud, un baraqué, un type qui a quitté son
île, la Nouvelle-Calédonie et qui s'acquitte de son job du mieux qu'il peut,
honnêtement, toujours prêt à rendre service, parce que c'est comme ça que Mama
Loma l'a éduqué. Les magouilles de la brigade des Stups, il refuse d'y
participer. Le Kanak comme il est surnommé par le reste de la bande est
toujours poli mais faut pas venir lui chercher des noises. « Je vais te laisser
le choix... ». C'est toujours comme ça qu'il commence quand le mec en face se
met à le gonfler. « Soit tu passes ton chemin, soit je te mets une gifle
amicale!»
Alors quand il tombe sur une famille dépecée à
coups de machette, il se fait un devoir d'élucider cette boucherie, d'arrêter
les massacres même si tout le monde tente de l'en dissuader. Aidé d'un jeune
freluquet fraîchement sorti de l'école de police et d'une médecin légiste
collectionneuse de cartes postales, le Kanak va remonter la piste d'une
vengeance, d'un génocide africain où les bourreaux d'hier sont les victimes
d'aujourd'hui.
- Spécificités -
* Editions : Points
* Paru le 8/03/2018
* Nombre de pages : 311
Dès le départ du récit, l’auteur nous plonge dans l’action
des services de police et plus particulièrement, de la brigade des stups.
Renato Donatelli, géant venant de Nouvelle-Calédonie en fait partie mais il ne
rêve qu’à une chose, pouvoir retourner un jour sur son île de l’autre côté du
monde. En attendant, il doit composer avec son unité, pour laquelle ne comptent
que la corruption et l’argent facile. Lors d’une intervention, il découvre une
famille africaine massacrée. Au fil de son enquête où il se fera aidé par
Avril, belle médecin légiste et Jérôme Cussac, jeune recrue de la brigade
criminelle, le Kanak se rendra compte que les intérêts les plus hauts de l’Etat
français se retrouvent sur
la sellette et que les apparences sont souvent trompeuses.
J’ai aimé ce roman policier pour plusieurs raisons. Tout
d’abord, l’histoire prend ses marques dans la ville de Toulouse. C’était la
première fois que je découvrais cette ville par l’écriture et l’auteur a su m’y
transporter et me donner envie, pourquoi pas, d’un jour aller la découvrir.
Ensuite, j’ai trouvé le personnage principal, Renato Donatelli particulièrement
attachant (même si, parfois,
un peu caricatural). Loin de son île natale, l'intégration du
policier étranger en métropole est loin d’être évidente : que ce
soit avec ses collègues de la brigade des stups ou dans la vie de tous les
jours, si différente de ce qui se passe dans les départements d’Outre-Mer et
surtout pour lui, en Nouvelle-Calédonie. Pour développer ce personnage,
l’auteur, lui-même policier, s’est inspiré d’un de ses collègues disparus et la
dédicace de ce livre est touchante.
Christophe Guillaumot a eu le cran de mêler l’Histoire avec
un grand H à sa narration. Petite fille lorsqu’il s’est déroulé, je me rappelle
pourtant les images du génocide rwandais qui passaient à la télévision. Les
amis et voisins d’hier étaient alors devenus les meurtriers et les bourreaux du
présent. Loin de ce petit pays d’Afrique, l’Europe regardait ces images avec un
certain détachement. Pourtant, en 100 jours, près de 800 000 personnes ont
perdu la vie dans d’innommables conditions. La communauté internationale ne
s’est jamais dressée contrer ces milliers de suppliciés alors que la mort d’un
seul occidental parvenait à soulever des montagnes.
Christophe Guillaumot s’est très bien documenté sur le
sujet et cela se ressent. Cela reste bien entendu un polar, mais il prend le
temps d’expliquer les grandes lignes du déroulé des faits, poussant le lecteur
à la réflexion sur ce qui s’est passé, près de 25 ans (en 2019) après les
faits, notamment quant à l’implication implicite de la France.
Vous vous demanderez sûrement la signification de ce titre
pour une histoire aussi noire mais vous le découvrirez au fil des pages et il
n’en sera que plus prenant et plus fort.
Pour ma part, ce livre que je ne connaissais pas avant de
le découvrir dans le cadre du Prix du Meilleur Polar Points est plutôt une
bonne surprise. Pour ceux qui l’ont apprécié comme moi, sachez que vous pourrez
retrouver ce personnage aussi bien naïf qu’attachant du géant Renato dans une
seconde enquête : « La chance du perdant », sorti en 2017 aux
éditions Liana Lévi.
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