Nouveau livre de la sélection pour le Grand Prix des Lecteurs 2018 pour l’Actualité Littéraire, j’en ai beaucoup apprécié sa lecture.
< Quatrième de couverture >
«Scherbius n’est ni le premier imposteur ni la première personnalité multiple, il est le premier imposteur à personnalités multiples, une combinaison détonante que mon devoir consiste à stabiliser avant qu’elle n’explose.»
1977. Maxime Le Verrier, psychiatre, se donne pour mission de guérir Scherbius, un patient chez qui il a repéré un trouble de la personnalité multiple. Alors que le patient ne cesse de duper son analyste, la relation thérapeutique se transforme peu à peu en une liaison obsessionnelle, du cabinet médical jusqu’à la prison centrale de Saint-Martin-de-Ré en passant par les productions de Hollywood.
Entre vérité et mensonge, raison et folie, leur dépendance se renouvelle au gré des variations infinies du psychisme de Scherbius.
- Spécificités -
Editions : Gallimard
Pages: 437
Date de parution: 03/05/2018
Il y a près de deux ans, j’avais découvert la plume d’Antoine Bello avec sa trilogie « Les falsificateurs » - « Les éclaireurs » - « Les producteurs ». Déjà à ce moment-là, j’avais vraiment apprécié me plonger dans ses livres. Il s’agit de littérature blanche mais en même temps, on a l’impression de se trouver dans un suspens, tant il est facile de tourner les pages vu l’envie qu’on a de connaître le fin mot de l’histoire. A l’époque, j’avais déjà eu l’impression que l’écrivain connaissait très bien dans quoi il nous embarquait, nous lecteurs et j’ai eu le même ressenti dans ce nouvel ouvrage.
Maxime le Verrier est un jeune psychiatre qui, un jour, voit débarquer un bien drôle patient dans son nouveau cabinet fraichement installé au boulevard Saint-Germain : Scherbius. Manipulateur doué à bien des égards, ce dernier est un véritable caméléon maniant les identités en un tour de main. Alors que le psychiatre tente d’établir l’histoire réelle de son patient, leur relation va évoluer au fil des événements naviguant entre admiration, agacement, incompréhension, volonté de nuire,… Les apparences peuvent être trompeuses…
Antoine Bello se joue des lecteurs et en connait véritablement beaucoup sur le thème principal : les maladies mentales et l’évolution de la psychiatrie depuis ses origines. On en apprend beaucoup à cette lecture sans en avoir l’impression et sans que cela alourdisse l’histoire (la psychiatrie en France, la mise en place du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux [DSM] aux Etats-Unis, en quoi consistent les troubles de personnalité multiple,…). On y suit ainsi le parcours psychiatrique de Scherbius en commençant par le diagnostic posé par son psychiatre puis la thérapie mise en place. J’ai apprécié en connaître plus sur le sujet sans que cela soit pour autant pompeux.
Le livre se présente sous une forme bien originale puisque c’est comme si les six éditions du livre écrit par Maxime le Verrier avaient été rassemblées en un seul tome, séparées par leur couverture. Ainsi à six reprises on retrouve Maxime le Verrier dans son parcours professionnel qui va finalement se retrouver intimement lié au destin du fantasque Scherbius mais également dans des aspects beaucoup plus personnels de son intimité. On évolue au fil des années à leurs côtés sans qu’on ne se rende compte des années qui passent dans le récit.
Qui est vraiment Scherbius ? D’où vient-il ? Est-il un affabulateur ou un imposteur ? L’intrigue se construit doucement au fil des pages de manière intelligente et inventive. C’est efficace et addictif, voilà pourquoi j’ai vraiment apprécié cette lecture. Avec une bonne dose d’humour, Antoine Bello a su traiter d’un sujet très sérieux (les maladies mentales) de manière instructive avec une écriture fluide, où il vous fera douter de tout. Au final, la véritable question est alors : mais qui manipule qui ?
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